Les accords franco-algériens sur l’habitat et les transports à l’épreuve des faits

Ce document est mon « testament » à destination de la Direction des affaires économiques et internationales (DAEI) et du Ministre de l'Equipement sur la mise en œuvre des accords sectoriels signés en 1983 par les gouvernements français et algérien.

Ces accords sectoriels avaient pour origine « l’accord gaz » c'est-à-dire l’accord du gouvernement français pour payer le gaz algérien au double du prix mondial, honorant ainsi les orientations du programme de la gauche qui faisait des « rapports inégaux » entre pays développés et pays sous-développés la cause d’un prix trop faible des matières premières. L’idée,  du gouvernement, inspirée par René Loubert, était de faire de ce doublement du prix du gaz un moyen de réévaluer par le haut l’ensemble des relations économiques entre la France et l’Algérie, en compensant l’augmentation des recettes en devises de l’Algérie par des grands contrats d’équipement signés avec des entreprises françaises. Ces accords sectoriels prévoyaient une modalité particulièrement originale : les administrations algériennes et françaises devaient coopérer pour que l’intervention des entreprises françaises se passe à la satisfaction des deux parties. Elles devaient donc, situation inédite, « dire le droit » de façon amiable lorsque les contentieux surgissaient entre entreprises françaises et clients algériens, en pratique avec des administrations territoriales algériennes. Enfin, ces accords sectoriels prévoyaient de porter la coopération technique avec l’Algérie, dans le domaine des transports, du logement et de l’organisation de villes, à un niveau supérieur, marquant les rapports privilégiés entre ces deux gouvernements socialistes et la volonté de la France de transférer non seulement les équipements mais aussi des savoir-faire et des capacités productives pour permettre à l’avenir à l’Algérie de se développer de façon plus indépendante.

J’ai été pendant deux ans la cheville ouvrière des deux accords sectoriels transport et habitat et ai présidé, du côté français,le Comité Sectoriel dans les deux cas pendant la deuxième année. Le texte rend compte des avancées mais aussi des incohérences liées aux processus mis en place. Je montre comment, une fois les gestes politiques posés, l’appareil administratif et politique a été incapable de part et d’autre de procéder aux transformations induites par ces nouvelles perspectives politiques. Dans les faits, le grand geste politique, les effets de manche, ne se sont pas traduites en une véritable stratégie de changement. Quand les postures et les déclarations l'emportent sur les actes, la légitimité de la gouvernance s'évade progressivement.

 

Thèmes :

Relations internationales ; énergie ; commerce international ; logement ; transport.

 

Année de sortie : 1985
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